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Histoires d'aqueducs


LE ROMAIN | LE MEDICIS

 

Le chantier de la ZAC L'onde de choc provoquée par le projet Alésia-Montsouris stimule les recherches historiques.
Evocation de la mémoire des lieux.

Les six hectares concernés étaient occupés depuis 1845 par les ateliers d'entretiens du chemin de fer de la ligne de Sceaux (ateliers du Petit Montrouge ) devenue RER B. La mémoire industrielle du site n'a pas empêché la destruction des ateliers Freyssinet, mais d'autres éléments marquent encore le site.

Au présent, la vue se plaît à considérer la continuité naturelle du terrain dégagé par les lourds engins et tout le charme du parc Montsouris.
Il n'y a qu'une rue entre les deux, et nul mur.

Après une minute de silence, notre esprit est troublé face à la verdure déroulée sur la pente depuis le boulevard des Maréchaux.
Nous sommes loin d'un symbolisme abstrait. Notre oeil se pose aussi sur le Réservoir, immense colline de gazon livrée aux lapins, sur cinq hectares, et dont un seul mur nous sépare.

Que d'eau passe dans ce quartier ! La Vanne, le Loing, le Lunain et bien d'autres rivières approvisionnent le réservoir de la ville par des voies souterraines. Le quartier est comme une porte des eaux de Paris. Il en est ainsi depuis la nuit des temps, peut-être.

 


L'acqueduc romain

LE ROMAIN


Sans remonter au Déluge, nous savons que sous l'empire romain, il y aura bientôt deux mille ans, Lutèce a développé l'approvisionnement de la ville en eaux pures.
C'est ainsi que nos prédécesseurs, il y a dix-sept siècles, ont fait passer dans le quartier un aqueduc au départ de la plaine de Rungis.
Cette conduite souterraine maçonnée, de seize kilomètres de long, apportait de l'eau de source aux Thermes, visibles du boulevard Saint Michel (1). Des tronçons de cet aqueduc d'une qualité extraordinaire ont été répertoriés, mais sans conservation d'un segment significatif. La ville d'Arcueil lui a consacré une petite crypte archéologique (Résidence Baudrand).

L'aqueduc romain (IIèmesiécle) mis à jour à l'Hay-les-Roses en 1907

L'aqueduc passait par le terrain actuel de la ZAC. Si les travaux du chemin de fer l'ont épargné, il serait du plus grand intérêt d'en sauvegarder pour mémoire plus qu'un "échantillon" à la mode du XXème siècle.


 

L'acqueduc Medicis

LE MEDICIS


Il y a quatre cents ans, Rome avait achevé sa décadence depuis plus de mille ans. L'aqueduc, interrompu par divers avatars, était oublié. Mais Henri IV ne songeait pas qu'à la poule au pot pour ses sujets assoiffés. Il décida la construction d'un nouvel aqueduc pour Paris. Sa veuve, la reine Marie de Médicis, conduisit à bien le projet. Partant de Rungis, les ingénieurs du XVIIème siècle ont suivi la pente naturelle du terrain. Il n'y en a qu'une. C'est la raison pour laquelle le tracé du "Médicis" est très proche de celui du "romain". Tous deux ont traversé la vallée de la Bièvre au même endroit. L'ingénieur Belgrand y a fait passer également la Vanne au siècle dernier : c'est le pont-aqueduc d'Arcueil.

L'Aqueduc Médicis (XVIIème siécle)
Interieur du Regard XXV

L'aqueduc est toujours en fonction, mais seulement jusqu' à la cascade du lac dans le parc Montsouris.
Il subsiste à Paris trois tronçons de l'aqueduc Médicis. Le premier passe sous les jardins de l'Observatoire pour aboutir à la maison dite du Fontainier Le deuxième se trouve sous l'avenue René-Coty. On trouve le troisième sous le remblai Est de la voie ferrée, dans la Z.A.C.; il a été tranché par l'avenue Reille et la rue d'Alésia. Ce dernier tronçon dont la présence, bien connue du promoteur, n'a été rappelée dans aucun document de l'enquête publique comporte le regard XXIII, accès pour l'entretien.
Les regards de l'aqueduc sont de très intéressants monuments comportant un escalier et un bassin de décantation.
L'appareillage en pierres de taille ainsi que la facture en sont de qualité royale. Là encore, l'entrée en résonance avec le lieu ne pourrait se produire que sur un parcours intérieur conservé de bonne longueur. L'ouvrage vaut ici en magnificence plus que toutes nos constructions contemporaines (2).

A . B ( o.c.r.a )
La Page du 14ème /Juin 1996

 

(1) Les sources étaient captées dans le Carré des eaux, à Wissous (Plaine de Rungis). La Commission du Vieux-Paris, au début du siècle, après l'avoir découvert, l'a fait recouvrir faute de crédits pour le mettre en valeur. L'irréversible n'a pas été commis.

(2) C'est le seul endroit du parcours, avec le pont-aqueduc, où la visite s'effectue de plain-pied, condition d'importance pour un monument à classer.

 


Dossier de presse