La SADM, filiale immobilière de la RATP, est l'aménageur de la ZAC Alésia- Montsouris, sur laquelle se trouvent les vestiges - et même des tronçons en parfait état - de l'aqueduc gallo-romain de Lutèce et l'aqueduc de Marie de Médicis. |
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L'aqueduc de Lutèce a été sectionné, début août, avec l'accord des services de l'archéologie, pour ouvrir une voie de chantier. II a en outre été sérieusement endommagé par les pelleteuses. Les terrains contigus aux aqueducs, dégagés de part et d'autre, les mettent en danger. La RATP/SADM vient de récidiver en sectionnant une deuxième fois l'aqueduc gallo-romain et en détruisant une partie de celui de Marie de Médicis. |
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Devant
ces " agressions ", dénoncées par
une pétition de 165 habitants du quartier expédiée le
30 septembre au ministre de la Culture, responsable du
patrimoine, le silence de Philippe Douste-Blazy est
assourdissant. Cette lettre dénonçait l'apparente
collusion des services publics et de l'aménageur. La
filiale de la RATP, dès ses premières études, a choisi
de ne pas tenir compte des deux aqueducs, alors qu'il
connaissait leurs tracés et niveaux. Lassiette des
fondations des futurs bâtiments a été prévue plus bas
que les ouvrages d'art antiques - et le projet voté par
le Conseil de Paris entraîne leur destruction !Pourtant,
dès l'étude d'impact, le conservateur régional de
l'archéologie, M. Blanchet, avait signalé le tracé des
aqueducs. Seul celui de Lutèce figure dans le dossier de
l'aménageur. Pourtant; retrouver en plein Paris deux
aqueducs des Ile et XVlle siècles en bon état, sur 300
m, suivant des courbes de niveau proches, est unique. La
Commission du Vieux Paris, unanime, a réclamé leur
conservation intégrale. Pourtant, Douste-Blazy, estimant les propositions de l'aménageur suffisantes,propose de ne garder que des morceaux de ces merveilles, qu'il se refuse de classer et qui sont aujourd'hui enterrées... A tout jamais ?
Le Canard Enchaîné - 23/10/96 |